NOVEMBRE 2103 AU THÉÂTRE DE L’ÉPÉE DE BOIS ( CARTOUCHERIE).

CRITIQUES
Artistikrezo
Assassines - Théâtre de l’Epée de BoisTrois courtes pièces se succèdent, toutes ayant pour point commun la présence d’une femme meurtrière.
Une remarquable exploration du crime féminin.
Une graduation s’effectue subtilement à travers ces trois pièces, pointant ce qui déclenche l’envie de meurtre et surtout comment s’articule entre le masculin et le féminin ce débordement criminel. L’opposition des univers femmes-hommes est quasiment épluchée, taillée à vif et désossée. Une sorte d’irréversible faux---dialogue s’empare des protagonistes ennemis, à travers des situations où les femmes sont ou se sentent piégées, que ce soit physiquement, psychologiquement du fait des sempiternels modes amoureux ou que ce soit par enfermement sous le prétexte de la possession maritale. Le plateau reste quasiment nu, outre de rares éléments tels qu’une table, un paravent ou un fauteuil roulant. Il est livré à des lumières d’abord grises et blanches puis l’atmosphère s’étire vers des tonalités de plus en plus chaudes, soulignant l’ampleur de la passion destructrice. Le craquement du parquet du théâtre de l’Epée de Bois, ses portes massives et ses lustres de cristal s’intègrent à la mise en scène et sont judicieusement exploités.
L’atmosphère constamment se remplit d’une sensualité mystérieuse et envahissante, qui se mêle à une étrangeté où rôde le crime. Les trois comédiennes sont superbes de présence hautement féminine, envoûtantes et voluptueuses. Elles sont dirigées très finement et parviennent sans le moindre effet extérieur ni soutien de décor ou sonore ni caricature ou cabotinage, à dégager une fascinante emprise telles des mantes religieuses délicates à la chair vampirisante. Leur peau, leurs gestes et leurs visages sont soulignés par des éclairages raffinés et leur jeu, dans un rythme qui impose une ravissante montée d’angoisse, demeure impeccable, Perrine Dauger réalisant une performance dans l’évolution de son personnage. En face, les hommes tiennent leurs rôles avec une grande souplesse, se démarquant par une sincérité non feinte et apportant un contraste d’une grande justesse. Le crime féminin est un thème rarement développé alors qu’il est en progression à travers le monde. Passé à la loupe théâtrale, il fait ressortir ici avec des écritures différentes et toutes percutantes puis une direction d’acteurs très adroite, déliée et aiguisée, une perspicace étude des mécanismes qui amènent une femme à tuer un homme dans la relation amoureuse, qu’elle y soit poussée par une révolte contre la domination ou contre la peur de la subir et autres engrenages du conscient et de l’inconscient du « deuxième sexe ».
Isabelle Bournat


A voir absolument.
Dans « La Gare » de Gilles Granouillet , une rencontre nocturne dans une gare déserte donnera lieu à un jeu de séduction puis à un affrontement entre un séducteur. Avec "La gare", une ambiance s’installe, qui ira en progressant avec la suite du spectacle.
"Serial killer" de Carole Fréchette aborde sous le ton de la comédie le mécanisme qui amène une femme à tuer son amoureux. Les différentes étapes, commentées en courts monologues adressés au public, font monter peu à peu une angoisse palpable et trouble qui rappelle un peu "La petite pièce en haut de l’escalier".
Le texte, jubilatoire et subtil de l’auteure québécoise nous fait entrer peu à peu dans un univers aussi inquiétant que burlesque. Les deux comédiens forment un duo complémentaire.
Elle (Larissa Chomolova) promène une nonchalance qui cache un dérèglement. Lui (Etienne Rattier) est parfait dans le rôle de l’amoureux aveugle et bavard. La mise en scène pose un climat déroutant qui nous conduit avec intérêt jusqu’au dénouement.
Enfin, "La clé de l’ascenseur" conclut en beauté ce spectacle avec un grand moment de théâtre. Le texte d’Agota Kristof est remarquablement servi par Jeanne-Marie Garcia. Celle-ci nous fascine littéralement avec la composition brillante de cette femme en fauteuil roulant qui dévoile peu à peu les raisons de son état et nous plonge dans une atmosphère onirique distillant une terreur croissante. Exceptionnel !
A travers ces trois textes, entrecoupés d’extraits sonores d’interviews de femmes criminelles qui comme ces trois histoires, nous en disent plus sur les raisons de ces meurtres, ce spectacle parvient à lier vraiment les trois textes et à composer un objet théâtral insolite et vénéneux qui nous marque de son empreinte nébuleuse et tenace.
Nicolas Arnstam






PHOTOS  ALEXANDRE MORELLI




























































































































































































































































































































































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